Je ne sais juste pas combien de temps dureront ces inepties...
J'ai mal.
A bien y repenser, je n'ai pas l'impression d'avoir été particulièrement sympa' avec lui. Il n'avait rien demandé à personne. L'idée d'aller m'excuser à la fin du cours m'a effleuré l'esprit, c'est vrai... Mais non. Finalement je me suis juste contenté d'enfiler mes écouteurs et de m'en aller le plus vite possible. J'avais besoin de prendre l'air, c'est tout.
J'ai repensé à ma conversation de ce matin avec T., sur le trajet. Alors c'est comme ça que les autres me voient. Solitaire et distant? Après tout, c'est vrai que je n'ai jamais vraiment cherché à développer mes relations avec les autres... disons que je tiens déjà énormément à celles que j'entretiens en ce moment et qu'elles me réclament d'ailleurs pas mal de temps, pour ne pas jouer l'associal jusqu'au bout.
-Hey, Nate, attends moi !
J'accélère le pas et m'approche du passage-piéton en feignant de ne pas l'avoir vu. Le feu est rouge depuis un moment déjà, mais je ne tiens absolument pas à m'arrêter... Qu'est-ce qu'il me veut à la fin?
Je marche de plus en plus vite. Je l'entends courir derrière moi, je ne pourrais pas faire éternellement semblant de ne pas le voir, il va me rattraper. Mais il en a pas marre?
Je m'engage sur la route. Je veux juste être tranquille et ne pas avoir à inventer de mensonges et de fausses excuses pour qu'il me laisse seul.
Je ne suis plus qu'à quelques mètres du trottoir. Avec un peu de chance la circulation lui barrera la route et je pourrais en profiter pour m'éclipser.
Le klaxon d'un bus retentit tout près de moi. Le temps de tourner la tête et j'aperçois le devant de celui-ci à peine à 1 mètre de moi. Le regard paniqué du conducteur, une femme a ses côtés qui plaque ses mains contre la vitre, le crissement des freins qui retentit.
[...]
J'entrouvre les yeux. Une masse de gens s'agglutine autour de moi, même si je ne peux pas voir ceux derrière moi, je les entends. Tu vois, T', finalement je ne suis peut-être pas si solitaire que ça, regarde-les qui viennent me voir.
J'essaie de me relever mais mon corps ne répond pas. Je suis fatigué. Trop fatigué, ça doit être ça, oui. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'ils disent. Venez plutôt m'aidez à me relever, vous voyez bien que j'ai un problème... Je n'ai même plus la force de parler. Je suis pathétique.
Mes paupières s'alourdissent. Je suis fatigué. Je vais fermer les yeux quelques instants pour récupérer et j'irai lui demander ce qu'il me veut, maintenant qu'il a réussi à me rattraper. Peut-être après aurais-je enfin le temps de me reposer, qui sait ?
Va savoir.